À Corbara en Balagne, elle est connue comme « l’Impératrice du Maroc ». Il s’agit de Marthe Franceschini dite Davia autrement dit « Dawiya la lumineuse » comme l’appelait le sultan marocain subjugué par sa beauté. Elle naquit le 25 avril 1755 à Tunis et mourut en 1799 à Lararche, une cité marocaine de la région du Tanger-Tétouan. Davia eut un destin extraordinaire…
Ses parents, sa mère Silvia née Monchi et son père Jacques-Marie Franceschini, tous deux de Corbara, furent capturés par des pirates tunisiens et en 1751 alors qu’ils étaient en train de cultiver leurs lopins de terre en bordure de mer, et transportés à Tunis. Le couple fut acheté par le Dey de cette cité et le mari devint surveillant de ses esclaves et un bon administrateur qui avait toute la confiance de son patron. Un jour, apprenant qu’une conspiration se préparait dans le but d’assassiner le Dey, il prît la décision, après une hésitation, de l’avertir. En guise de remerciements, père, mère et fille furent libérés et purent ainsi retourner en Corse. Mais de nouveau, des pirates, cette fois-ci marocains, les firent prisonniers au cours de leur voyage entre Tunisie et Corse, pour les vendre comme esclaves à un sultan alaouite du Maroc Sidi Mohammed Ben Abdallah.
U piu bellu fiore di u so harem
Le sultan tomba en pamoison devant la beauté de Marthe et la prît dans son harem. en 1786 , elle devint Davia son épouse légitime et première sultane. Se perdant d’admiration pour elle, elle était pour lui « la plus belle fleur de son harem ». Il ira même jusqu’à lui demander de suivre des cours de droit canonique. Elle obtint le diplôme de « Talba » autrement dit une licence en droit ce qui était presque unique à l’époque. Cela lui valut d’être acceptée au sein du conseil privé du sultan. Selon certains écrits d’historiens elle aurait essayé d’entrer en contact avec les grandes cours d’Europe, parmi lesquelles celle d’Espagne. Mais sa démarche diplomatique fut de courte durée en raison du décès d’une de ses filles peu avant son adolescence. À Corbara, quand on évoque Marthe Franceschini, c’est le nom de l’Impératrice du Maroc qui vient sur toutes les lèvres. Aujourd’hui, dans ce village balanin on peut toujours voir une maison surnommée « A Casa di i Turchi » construite par son frère comme elle le voulait.
A marina di Davia
La Marine de Davia, station balnéaire, est bien connue des estivants mais aussi des corses. L’été venu, c’est un plaisir de profiter de cet ensemble de trois plages Vignola, Capite et Fornello, sur soixante-douze hectares, entre verdure et tranquillité. C’est dans ce lieu que les parents de Davia cultivaient leurs terres jusqu’à leur rapt par les pirates tunisiens. Les investisseurs immobiliers qui ont bâti un grand espace résidentiel pour vacances de luxe, l’ont créé en souvenir de Davia appelée vers la fin du dix-huitième siècle par son destin d’Impératrice du Maroc.
In Curbara, in Balagna, a Marina di Davia,una stazione di bagni è di vacanze di lussu, fù creata in ricordu di Marthe Franceschini, chjamata versu a fine di u diciotesimu seculu da un destinu straurdinariu. Ella diventò Imperatrìce di u Maroccu. I so genitori funu affirati da i pirati tunisiani, in’u 1751, mentre ch’elli eranu in traccia di cultivà i so campi à l’arige di u mare, è purtati in Tunis. Tremindui fùnu à u serviziu di u Dey u quale pè ringrazìa li di a so bona cundutta i liberò. E cusì chi u babbu, a mamma, è a figliola Marthe nata in Tunis in’u 1755, vultonu in Corsica. Ma di novu funu pigliati da pirati, ma issa volta, maruccani, in cor di u so viaghju tra Tunisìa è Corsica. In seguita, fùnu vinduti cumè schjavi à u sultanu alaouite di u Maroccu Sidi Mohammed Ben Abdallah chì fù à l’incantu davant’a bellezza di Marthe è a pigliò ind’è u so harem. In’u 1786 diventò Davia traduzione di Dawiya, a so mòglia leghjitima è a prima sultana.
Testu : Marius Muraccioli