3 mars 2023

Ghjuvan Iviu TORRE, artisgianu creazione coghju

Niché au cœur du Cruzini, sur la route de Vico, l’atelier de Ghjuvan Iviu Torre est une véritable cache aux mille trésors.

Natif d’un village de montagne, cet amoureux de la nature jongle chaque jour entre deux métiers. Partisan du « savoir-faire et savoir vivre », il s’est ancré entre mer et montagne et cultive cette dualité dans son quotidien bien loin de l’expression toute citadine « métro, boulot, dodo » mais tout aussi intense ; il est « paysan à la terre le matin et artisan dans son atelier l’après-midi » depuis son plus jeune âge.

L’apprentissage

Dans les années 70, il a l’opportunité d’intégrer l’association d’artisans « Corsicada », créée à Corte. Le fondement de cette association est le Riacquistu, ou ré-acquisition des bases culturelles et des savoir-faire ancestraux : la langue et ses expressions, l’identité collective, les métiers et plus profond encore, l’histoire intrinsèque de la Corse.

Par le biais de cette association, chacun pouvait accéder à une formation rémunérée d’un an chez un artisan afin d’y apprendre un métier comme le bois, le fer, la laine ou le cuir et consacrait également une semaine par mois au sein du CTS de Corte pour y étudier des matières plus scolaires telles que la comptabilité ou encore la philosophie. Sa toute première formation est celle de la laine auprès d’un tisserand à Casanova, puis il apprend à travailler le cuir chez Aimé Santoni, Maitre bottier et sellier.

Plus qu’une profession, c’est un mode de vie qu’il décrit ainsi : « pieds nus sur une terre sacrée avec les mains qui imaginent, créent et façonnent pour le bonheur des autres ».

Ghjuvan Iviu Torre fabrique au gré de son inspiration et travaille également sur commande.

Il a déjà créé plus de 200 produits différents ; chaussures, sacs sobres ou travaillés, mallettes, porte-documents, ceintures, marques-page, reliures de poésie, jouets, coffrets ; qu’il personnalise par la gravure à froid. Il est d’ailleurs le créateur du coffret en cuir de l’emblématique anthologie de « Ricordu » qu’il a produit en 300 exemplaires numérotés et signés. Il travaille le cuir brut et ne transige pas sur le tannage qui doit être exclusivement végétal (écorce de châtaignier ou encore de chêne).

Transmission et devoir de mémoire

Passionné et engagé, il conçoit son travail comme une forme de désobéissance à la mondialisation. Pour lui, « être artisan est une forme de résistance aux produits manufacturés qui se ressemblent tous ». Et parce qu’il a à cœur de transmettre son savoir, il se rend chaque année en mars, au Musée archéologique de Sartène ou il initie les enfants aux bases de son métier.

Conservateur mais pas sauvage !

Si vous souhaitez rencontrer l’amoureux de sa terre et de son métier, rendez-vous dans son atelier à Vico.

Vous pourrez le croiser sur les foires artisanales de Bocognano ou encore Murzo,

Il est également possible de voir et acheter ses créations à la boutique Art’isula, qui regroupe plusieurs artisans corses, dans la rue Fesch à Ajaccio.

Notez dans vos agendas les dates de sa prochaine exposition qui se tiendra durant une semaine à partir du 12 juin prochain, au Centre d’animation sociale et socioculturelle U Borgu, rue Fesch à Ajaccio.

Duvere di mimoria è primura di trasmette sò e parolle maestre seguitate da Ghjuvan Iviu Torre. Innamuratu di a so terre, passiunatu di natura è artista incuntestebule, bramosu di sparte u so sapè fà è i so valori.