Dans le monde de la joaillerie et de la mode, Antoinette Nunzi, fondatrice de Nanarella, sublime le savoir-faire corse depuis plus de 20 ans. Elle nous ouvre les portes de son univers où la passion rencontre l’art.
Florian Sauvaget : Antoinette, comment est née Nanarella ?
Antoinette Nunzi : Nanarella est née il y a 20 ans. J’étais journaliste de mode à Paris et j’ai eu l’idée de créer ma propre marque avec des «charms» corses. L’idée de départ était d’adapter ce concept américain, qui consiste à collectionner des pendentifs pour marquer les événements importants de la vie (naissance, mariage, nouvelle maison…), et l’adapter à la Corse. Je voulais porter sur moi des pièces qui représentent mon île, mais ça n’existait pas vraiment, à part la main en corail.
F.S : Le savoir-faire est au coeur de votre démarche. Pouvez vous nous parler du processus de création, de l’esquisse initiale à la pièce finie ?
A.N : Souvent, je commence par dessiner mes modèles. Mais il y a plusieurs types d’articles chez Nanarella, donc ils ne sont pas tous faits de la même façon. Pour la plupart, je dessine tous mes modèles, puis je travaille avec un modéliste pour créer les moules et les prototypes. Une fois le produit final validé, les pièces sont fondues en argent ou en métal précieux. Ensuite, elles sont terminées dans notre atelier à Bastelica.
F.S : Si vous deviez définir le style Nanarella en trois mots, quels seraient-ils ?
A.N : Le style de Nanarella, s’articule aujourd’hui autour de trois mots clés. Le premier, «nustrale», renvoie de fait à l’attachement profond de la marque à la Corse, à ses traditions et à sa culture. Ensuite, «intemporelle» car nous avons la volonté de créer des pièces qui traversent les modes et le temps, destinées à être transmises. Enfin, la «passion» car ce mot incarne l’énergie créatrice qui anime chaque collection, du dessin initial à la pièce finie. Ces valeurs reflètent l’essence de la marque : des bijoux enracinés dans son héritage, pensés pour l’avenir, et toujours fabriqués avec coeur.
F.S : Quels sont vos projets pour l’avenir de Nanarella ? Y a-t-il de nouvelles collections, de nouveaux défis en perspective ?
A.N : Il faut savoir qu’aujourd’hui que nous nous occupons de trois marques, Nanarella, Kulte et également Ata-ï. Et de fait nous avons des projets différents pour les trois entités. Pour notre marque, Kulte, nous voudrions peut-être faire de nouveaux modèles collector, qui ne durent pas. Ce sont des pièces éphémères, donc nous essayons de créer de nouvelles versions chaque année. Pour Nanarella, nous avons de nouvelles collections en cours que nous avons hâte de vous présenter. À Bastelica, nous avons un projet qui nous tient à coeur mais qui est difficile à concrétiser : un écomusée. Notre atelier dispose d’un petit «Caseddu» centenaire à l’extérieur, et à l’intérieur, nous aimerions faire un parcours sur l’histoire, la tradition et la culture corse, en lien avec nos bijoux. Ce serait l’occasion d’expliquer l’origine des légendes du corail, de l’oeil de Sainte-Lucie, et de tous les symboles que l’on retrouve dans nos créations.
F.S : Quel message souhaiteriez-vous adresser à celles et ceux qui rêvent de se lancer dans l’entrepreneuriat créatif ?
A.N : Je leur dirais de partir assez longtemps pour mieux revenir, dans l’idée de faire de belles choses en Corse pour la Corse car nous en avons besoin.
Antoinette Nunzi fundò Nanarella 20 anni fà per crià giuielli chì raprisintessinu a Corsica. L’idea l’hè venuta in Parigi, adattendu u cuncettu di i « charms » per puntellà l’evenimenti di a vita cù simbuli di l’isula. E so criazione sò prima disegnate, po furmate è fuse in metalli preziosi nanzu d’esse compie in Bastellica. U stile di a marca si definisce in trè parolle : « nustrale, » « intempurale » è « passione. » Nanarella si dà u prugettu di crià un ecumuseu per sparte a storia è a cultura corsa, un’impresa à seguità…
Testu : Florian Sauvaget
