8 mars 2022

Ugo Casalonga, Casa Liutaiu

Ugo Casalonga nous recoit dans son atelier, en Balagne à Pigna, pour répondre à nos questions et nous présenter sa passion, son métier de luthier. Ses instruments dépassent aujourd’hui les frontières de notre île.

ORIZONTE : Bonjour Ugo Casalonga, merci pour votre accueil, nous sommes aujourd’hui dans votre atelier à Pigna, pour parler de votre métier et votre spécialité : la fabrication de la cetera. Pouvez-vous nous parler de votre instrument plus en détails ?

Ugo Casalonga : La cetera, c’est ce grand cistre spécifique à la Corse. Le cistre est un instrument très diffusé à la Renaissance. Il n’a pas été créé en Corse : on en retrouvait dans tous les pays d’Europe de l’Ouest. On pense qu’il est arrivé sur l’île par l’Italie du sud, avec laquelle il y avait des liens commerciaux à l’époque (XVIe, XVIIe siècles), avant d’être vraiment adopté par les corses. On a retrouvé des instruments faits par des artisans de la région, à Belgodère et Speloncato.

O. : Parlez-nous de la fabrication et des matériaux utilisés.

U.C. : Le son de l’instrument est influencé notamment par les matériaux et les différents bois utilisés. Chaque essence de bois amène une palette de timbres différente. Il y a ensuite la forme de l’instrument et l’attention portée à la fabrication. J’essaye de travailler essentiellement des essences que je trouve localement. Ce n’est pas toujours simple. De nombreuses essences de bois que l’on peut trouver ici peuvent être utilisés, comme par exemple le robinier, le cyprès, le noyer ou le merisier. J’en prends aussi dans des scieries ou chez des spécialistes en bois de lutherie.

O. : D’où vient cette passion ?

U.C. : J’ai grandi à Pigna, où la musique avait déjà son importance. Mes parents sont musiciens mais moi, au départ, je ne connaissais absolument pas la lutherie. À la fin des années 1970, j’étais en formation ébénisterie lorsque j’ai découvert la cetera. C’est à cette époque que l’on a redécouvert cet instrument, dont j’ai trouvé le son magnifique. N’ayant pas les moyens de me payer une cetera, j’ai entrepris d’en construire une moi-même. J’étais alors suivi et guidé par
Michel Buresi, avant que celui-ci ne s’installe à Corté. Suite à ça, j’ai commencé à avoir des demandes… Et ça fait maintenant 35 ans que je travaille la cetera. C’est un instrument que je ressens bien et que j’aime fabriquer. J’ai ensuite développé une gamme assez vaste d’instruments anciens, principalement à cordes pincées et frottées, comme la guitare renaissance, la guitare baroque, le cistre renaissance, les vièles à archet et les lira da braccio.

O. : Pouvez-vous nous parler de votre clientèle ?

U.C. : Mes premiers clients étaient essentiellement corses, avec le renouveau de la cetera. Beaucoup de groupes de musique traditionnelle s’y sont intéressés. Ensuite, ma clientèle s’est étendue, pour dépasser les frontières de la Corse, de la France, et même de l’Europe : on peut faire tous types de musique avec la cetera. Ce sont principalement des professionnels, mais il y a aussi beaucoup d’amateurs qui s’intéressent à la lutherie et qui veulent un instrument fabriqué selon leurs désirs.

Strumentu assai diffusu à l’epica di u Rinascimentu, a cetera ùn hè nata in Corsica. Stu strumentu era tandu adupratu assai in ogni paesi d’Auropa Uccidintali. Ci conta, u liutaiu Ugo Casalonga, a storia di a cetera è i so sicreti : da u so rinnovu in Corsica à a fini di l’anni 1970, à so diffusioni in u mondu sanu. Una storia di passioni è di tramandera.