20 septembre 2022

Pamukkale è Hierapolis

Au sud-ouest de la Turquie, dans la vallée du fleuve Méandre, se trouve le site remarquable de Pamukkale. Les nombreuses sources qui forment cette immense tufière, dont le nom en turc signifie « château de coton », ont permis le développement de la station thermale de Hiérapolis il y a 2 400 ans.

C’est donc au départ d’Izmir, sur les rives de la mer Égée, que je me dirige vers Denizli à bord d’un bus tout confort. Environ trois heures de route plus tard, c’est un autre bus plus rustique qui m’amène de Denizli, chef-lieu de la province, à Pamukkale, à une vingtaine de kilomètres plus au nord. À l’arrivée, aucun doute sur la destination, le bus s’arrête au pied du « château de coton » qui surplombe la petite ville.

U castellu di cutone…

Pour les explications plus scientifiques, il faut savoir que ce « château » ne doit rien à l’homme. En effet, les dix-sept sources d’eau chaudes du site sont saturées de sels minéraux et de gaz carbonique. Le dioxyde de carbone, en se libérant dans l’air, fait précipiter le carbonate de calcium qu’elles contiennent. Ce dernier se dépose alors, sous forme pâteuse, sur les flancs de la colline et finit par durcir lors de l’évaporation de l’eau. En résulte cette tufière aux allures de forteresse de coton ou de chutes d’eaux gelées mais, nous sommes mi-août et la seconde hypothèse est peu plausible…
D’ailleurs, vus d’en bas, les fameux bassins ont l’air d’avoir quelque peu morflé.

La fin de journée approche, j’en verrais plus demain en me rendant au sommet de la colline. À son pied se trouve un petit parc qui offre un joli panorama sur la massive tufière et un premier aperçu de quelques bassins formés par les concrétions calcaires. De nuit la colline est éclairée et mon auberge me permet, depuis sa terrasse à l’étage, d’admirer le « château » paré de lumières, une Efes* à la main.

Le lendemain, au petit matin, j’emprunte le chemin m’amenant sur les hauteurs du site. L’avidité humaine aidant cet accès était par le passé une route traversante et de nombreux aménagement touristiques s’y trouvaient. Afin de préserver les lieux, qui se dégradaient fortement, tout a été détruit lorsque le site a été inscrit au Patrimoine Mondial de l’UNESCO en 1988. On y trouve aujourd’hui une succession de bassins en escaliers. Ces derniers ressemblent d’ailleurs pas mal à nos barrages en fin de période estivale… Les autres bassins plus au nord donneront plus de satisfaction.

En plus de faire partie du patrimoine naturel, le site revêt également un aspect historique et culturel. On y trouve, sur toute la partie nord-est, l’antique cité de Hierapolis.

… è a cità antica

Fondée à la fin du IIe siècle avant J.-C. par la dynastie grecque des Attalides, rois de Pergame (aujourd’hui province d’Izmir, on y revient !), elle passe rapidement sous domination romaine. Dédiée à Pluton et Apollon, la ville se développe grâce à l’exploitation des sources chaudes, considérées comme thérapeutiques, dont certaines jaillissent à plus de 45° C.

Hiérapolis est assez grande, au moins autant que la ville nouvelle de Pamukkale en contrebas. Du coup il faut beaucoup marcher pour relier entre eux les différents vestiges qui sont arrivés jusqu’à nous. On retrouve l’amphithéâtre, la rue principale et sa monumentale porte de Frontinus (ou de Domitien), le Martyrium de Saint Philippe, les thermes ou bien la Nécropole. Cette dernière, qui s’étale sur plusieurs centaines de mètres au nord du site, est d’ailleurs l’une des mieux préservées de Turquie et compte environ 1 200 sépultures, dont certaines sont « piégées » dans la tufière grandissante de la station thermale.

Pour les moins tolérants à la chaleur, notez que le site n’a que très peu de zones ombragées, les vestiges sont assez espacés (environ 20 minutes de marche entre l’amphithéâtre et la porte de Domitien) et les températures en août en Turquie font passer notre canicule pour une pause fraîcheur.

En parlant de pause, pas forcément fraicheur, il est possible de se baigner, moyennant un droit d’accès, dans la Piscine de Cléopâtre (Antique Pool). Elle aurait été construite par l’empereur Marc-Antoine pour la reine égyptienne. La légende ne dit pas toutefois si la femme la plus célèbre de l’antiquité s’y est baignée. Le bassin est très beau et jonché des ruines de l’ancien temple d’Apollon, mais donne malheureusement une impression d’artificiel, voué au tout tourisme. Les touristes tartinés de crème solaire qui y pataugent ne sont peut-être pas étrangers à cela !

Pour cette raison, j’ai préféré aller profiter des bassins de la tufière un peu plus loin, jusqu’à ce qu’un des employés du lieu demande à tout le monde de quitter les lieux. Apparemment seuls les bassins du côté du chemin d’accès sont autorisés à la baignade…

D’autres sites similaires se trouvent de par le monde comme par exemple à Yellowstone (états-Unis), en Iran, en Chine, en Hongrie ou, plus proche de nous, les Bagni San Filippo ou les Terme di Saturnia situés en Toscane (Italie).

Ces autres lieux n’ont toutefois pas la particularité de jouxter une cité antique plus de deux fois millénaire.

* une bière turque – L’abus d’alcool est dangeureux pour la santé, à consommer avec modération.

Ittiti, Frigi, Cimmeri, Lidii ma ancu Persi, Grechi è Rumani, sò numerosi i populi ad avè uccupatu l’Anatulia. Ritenimu spessu i dui ultimi mintuvati, à quale duvimu l’antica cità di Hierapolis, fundata da l’uni è svillupata da l’altri. Sta cità termale deve a so crescita à l’abundante fonte calde chì ; furmendu cuncrezione calcare ; anu cumpostu veri castelli di cutone : Pamukkale