18 juillet 2025

U diritu di votu di e donne in Corsica : una singularità storica

On attribue généralement à Pasquale Paoli l’instauration du droit de vote des femmes en Corse, à l’occasion de la rédaction de la constitution de 1755.

Cette mesure constitue, pour l’époque, une avancée démocratique sans précédent, véritablement révolutionnaire dans la seconde moitié du XVIIIe siècle. L’Europe de ce temps domine le monde, mais reste gouvernée presque exclusivement par des monarchies absolues, ou, dans le meilleur des cas, par des despotes dits éclairés.

L’idée de souveraineté populaire demeure largement utopique, tout juste esquissée par les philosophes des Lumières.

À l’examen, le suffrage prévu dans la constitution corse est indirect : chaque feu (foyer fiscal), chaque casata, dispose d’une voix, exercée par le chef de famille.

Si celui-ci venait à décéder, le droit de vote revenait à la veuve ou à l’orpheline majeure, consacrant de facto la reconnaissance du droit de vote des femmes dès 1755.

Au sein de chaque pieve (circonscription administrative), il s’agissait d’élire le podestat, représentant local qui prenait part à l’élection du général de la Nation lors de la Cunsulta de la Casabianca. Il est important de noter que ce mode de représentation n’était pas inédit : il existait déjà, sous la République de Gênes, aux XVIe et XVIIe siècles, selon un schéma similaire.

On élisait alors trois représentants :

le podestat, principal officier civil de la pieve ;

le notaire ;

le chasseur communal, chargé de la régulation des espèces nuisibles.

Ainsi, en 1755, la Corse faisait déjà preuve d’une étonnante modernité en matière de participation politique des femmes.

Toutefois, cette dynamique fut interrompue brutalement après la bataille de Ponte Novu, qui marqua la fin de l’éphémère République corse.

Avec le rattachement à la monarchie française, sous Louis XV et son ministre Choiseul, l’île retomba sous le joug de l’Ancien Régime, mettant un terme aux premières tentatives d’application des idées des Lumières.

Il faudra attendre les élections municipales du 29 avril 1945 pour que les femmes en France métropolitaine puissent voter pour la première fois, près de deux siècles plus tard.

L’histoire oscille ainsi entre avancées majeures et reculs inquiétants.

À l’heure actuelle, alors que certaines libertés fondamentales paraissent fragilisées, il convient de rester attentifs aux signaux d’alerte. Les acquis démocratiques ne sont jamais définitivement acquis.

U dirittu di votu di e donne in Corsica s’attribuisce à Pasquale Paoli cù a custituzione di u 1755. Ma l’affare hè digià più antica sottu à a Ripublica di Genova, induve, per certe elezzione, e donne vutavanu in e stesse cundizione. Dopu Ponte Novu, ci vularà à aspettà l’elezzione cumunale di u 29 d’aprile di u 1945 per chì e donne possinu torna vutà, à tempu cù u restu di a Francia, induve e donne francese vutavanu per a prima volta.

Testu : Marcel Montisci

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