8 mars 2022

Les genres vocaux et musicaux corses

Il existe diverses formes de chants et musiques corses qui diffèrent selon leur structure et aussi les circonstances dans lesquelles on les utilise. Petit tour d’horizons de ce patrimoine culturel insulaire.

A NANNA

La nanna est donc une berceuse dont la plus célèbre est « A nanna di u Cuscioni ». Le Cuscioni est un alpage entre Quenza et Zicavo. Thème de cette berceuse : les voeux de bonheur et prospérité formulés par une grand-mère à l’intention de sa petite fille. C’est en même temps un remarquable témoignage des us et coutumes, habillement, artisanat de l’époque. Nous en citons une partie :

Nelli monti di Cuscioni
Era nata una zitedda
È la so cara mammona
Li facìa l’annannanedda
È quand’edda l’annannaia
Stu talentu li prigaia

CHANTS LITURGIQUES & RELIGIEUX

Nous citerons entre autres chants composés « A messa di i vivi » et « A messa di i morti », messe des vivants et des morts. Messes en paghjelle remarquables pièces qui diffèrent selon les villages.

U SIRINATU

U sirinatu est fait partie des us et coutumes. C’est un hommage vocal et musical que l’on fait à une jeune fille ou une aubade à des jeunes époux.

E GHJIRATONDE

E ghjiratonde sont tout simplement des rondes qui rythment également les jeux des enfants. Nous ne citerons pas d’exemples des ghjiratondes mais chacun peut imaginer aisément à quoi ressemblent les chants.

U VÒCERU

Le vòceru appelé également « ballata » ou « baddata » ou « vocariu », selon les régions, est une déploration mortuaire chantée sur le corps du défunt (parfois mort de mort violente). Ce chant rituel marque de sa cadence le rythme du sanglot. La pleureuse assise ou accroupie balance son corps d’avant en arrière et latéralement les bras levés ou les coudes au corps. Le rythme en est donc saccadé et la mélodie répétitive. Nous vous donnons un exemple typique de vòceru extrait de « L’Almanach de la mémoire et des coutumes de Corse » (Claire Thievant et Lucie Desideri, Ed.Albin Michel), le vòceru du Talavu qui expose la détresse d’une femme dont le mari éleveur de bétail vient de mourir, terrassé par la malaria qui sévissait alors dans la plaine de transhumance.

Fù la piaghja la so morti
Duve stanu li curnacchi
O crudeli, o iniqua sorti
Per Francescu di li vacchi
La corcia cume faraghju
À stà sola in questi machji ?

U LAMENTU

Le lamentu, complainte non rituelle du malheur, est soit une plainte amoureuse pleine de tendresse et de délicatesse à l’occasion d’un départ momentané (Niolu : Lamentu di Bartulumea, abandonnée à cause de la transhumance), soit une plainte déchirante déplorant la mort naturelle d’un individu ou d’un animal : U Lamentu di Fasgianu, lamentu très souvent chanté. Autre lamentu chanté par une jeune fille lors du départ sur le continent de son amoureux :

O caru lu nostru amore
Chì cusì pocu hè duratu
E principiatu d’Aprile
E di Maghju hè terminatu
E statu cume la scopa
Hè fiuritu ùn hè granatu

CHJAM’È RISPONDI OU CUNTRASTU

Lors des fêtes patronales, des foires et autres grandes manifestations populaires, « chjam’è rispondi » sont souvent de la partie. Le chjam’è rispondi est un duo d’improvisation et de création poétique spontanée. Les poètes assis à la même table attaquent le chjam’è rispondi sur un sujet concernant un évènement, une conversation, une personne. L’un des poètes fait à chjama : l’appel, en direction de l’autre souvent de manière humoristique, ironique, parfois provocante. L’adversaire ainsi défié doit donner la réplique : risponde. Le duel peut durer ainsi des jours et des nuits entières. Un public nombreux y assiste et applaudit les deux poètes. Les chjam’è rispondi sont en général bien arrosés et se font, sauf exception, dans la joie et la bonne humeur.

E FILASTROCCHE

E filastrocche sont des comptines, sortes de ritournelles, que les mères et les grands-mères débitent à leurs enfants ou petits-enfants lorsqu’ils sont encore petits pour les éveiller et leur donner une certaine aisance dans le maniement de la langue. Les enfants apprennent très vite ces filastrocche et s’amusent à leur tour à les débiter entre eux à toute vitesse. En voici un exemple cité par Xavier Tomasi dans son recueil « Les Chansons de Cyrnos ».

Dumane hè Dumenica
U prete hè in la zenica
A zenica hè rotta
U prete hè in la botte
A botte hè senza stupinu
U prete hè in lu fornu
U fornu hè senza teghja
U prete sculateghja
Sculateghja quantu ti pare
Chì la serva nùn ci vale !
È quand’edda l’annannaia

A PAGHJELLA

A paghjella est un chant polyphonique à trois voix dont la mélodie, de mode dorien mineur, se décompose en trois parties :

A SECONDA

C’est la voix qui donne le ton, et qui commence.

U BASSU

La basse qui soutient a seconda et suit toutes les variations du chant.

A TERZA

En voix de haute-contre qui fait des modulations en appui.

A paghjella est un langage de tradition orale musicalement très bien construit dont l’origine se perd dans la nuit des temps.

Esiste varii modi di canti vucali è musicali corsi sicondu a so struttura è e circunstanze ind’elli sò impiicati.

A nanna : da annannà e criature. A più cunnisciuta hè a Nanna di u Cuscioni.

E filastrocche : spezie di riturnelle chì e mamme è e minnane dicenu o cantanu à i so figlioli o figliulini pà apreli
a strada di a lingua à bella megliu.

E ghjiratonde : ronde chì ritmanu i ghjochi di i zitelli.

Vòceru o ballata : diplurazione murtuaria cantata pà una parsona morta, u più suvente, di morte viulente.

U lamentu : lagnu sìa pienu di tinarezza, di dilicatezza pà una partenza, o sìa straziante, afflittu pà a morte naturale d’una parsona o d’un animale.

Chjam’e rispondi : A duie voce d’impruvisazione è di criazione puetica spuntanea. Unu chjama è l’altru risponde.

A paghjella : cantu pulifònicu à trè voce : a Seconda chì dà u tonu è cumencia, u Bassu chì sustene a prima, a Terza voce di cuntraltu chì face e mudulazione in appoghju.

Canti liturgichi e riligiosi : in paghjelle. Messe di Vivi, Messe di i Morti.

U sirinatu : Face parte di l’usi.Umagiu vucale è musicale pà una ghjuvanotta o albata da ghjovani sposi.

A CARAMUSA

Sorte de petite cornemuse en peau de chèvre.

U VIULINU

Le violon, instrument de prédilection de l’époque joué par des violoneux, à hauteur de hanche.

L’URGANETTU

L’accordéon.

A CETERA

Sorte de cythare ou de luth guitare corse de l’époque qui revient à la mode de nos jours.

A CIALAMELLA

Flûte pastorale courte en roseau

U FISCIU

Flûte façonnée dans de l’os.

A ZAMPUGNA

Flûte de Pan en roseau.

A PIRULA

Genre de pipeau en roseau.

A PIFANA

Genre de pipeau en corne de chèvre ou de bouc.

U FISCU

Flûte façonnée dans de l’os.

U FISAROLU

Flûte longue en bois.

U TIMPANU

Le triangle.

A SAMPUGNA

L’harmonica.

A RIBERGULA

La guimbarde.

E CHJOCCHE

Les castagnettes.

By Categories: Cartulare