Des abris sous roche du mésolithique aux orii du Moyen-Âge
Au détour de chemins sur le plateau du Fretu, on découvre un peu partout des paysages qui nous semblent avoir été dessinés par Walt Disney, ou sortir tout droit d’un roman de J.R.R Tolkien.
Féériques, sculptés par la nature, aménagés par l’homme depuis la nuit des temps.
Ce sont les orii, des constructions qui témoignent de l’adaptation de l’homme à son territoire.
Ces paysages sont avant tout l’oeuvre de la géologie, par la mise en place de granits formés à l’ère Primaire, qui ont ensuite subi les actions conjuguées des éléments. À savoir l’action mécanique et érosive du sable transporté par le vent qui vient frapper les rochers, et celle chimique du sel qui a préalablement altéré la roche.
Ce phénomène est tellement répandu dans l’île que c’est un mot corse qui est utilisé partout dans le monde pour le désigner : ce sont les « tafoni ».
Le processus qui conduit à la création de ces cavités dans la roche se nomme la tafonisation.
Les premiers habitants de l’île, les chasseurs cueilleurs du mésolithique utilisèrent ces cavités, ces grottes, ces abris sous roches, dès le VIIIe millénaire avant notre ère.
Parfois utilisés comme sépultures, d’où le caractère sacré qui leur fût attribué, c’est ce qu’ont révélé les fouilles archéologiques de Campu Stefanu qui ont livré des squelettes datés de 7800 à 8000 avant notre ère.
Après un hiatus d’environ sept siècles, le lieu qui semble avoir été abandonné, puis réinvesti par les hommes du néolithique, qui pratiquaient l’agriculture et l’élevage.
Viennent ensuite des strates d’occupation de l’âge du bronze datées entre 2000 et 1000, jusqu’à celles de l’âge du fer entre 800 et 400 ans avant notre ère.
Ce n’est qu’au moyen âge que certains abris sous roche deviennent des orii ; c’est-à-dire des espaces dont la façade extérieure est murée en pierres, avec une maçonnerie soignée, et des fenêtres qui leur donnent cet aspect de maisons de hobbit que l’imaginaire a cédé aux contes et aux légendes.
Quelle était leur fonction ?
Si l’on se fie à l’étymologie le mot oriu vient du latin horreum qui désigne une grange ou un grenier, la fonction étant ici le stockage des céréales.
Les orii étaient donc aménagés à proximité immédiate des lieux de production agricole pour être utilisés comme dépôts.
On ne peut que regretter que ces joyaux du patrimoine ne soient pas encore inscrits à l’inventaire afin d’être protégés et sauvegardés.
Sans doute, serait-il opportun que quelques étudiants en histoire en fassent leur sujet de thèse et que les orii deviennent l’objet d’études à caractère scientifique, afin que nous en sachions beaucoup plus sur leur histoire et de celle des hommes qui les ont fréquentés.
Bibliographie :
A.L.P. France Monde Préhistoire – article du 14 septembre 2010
In : il y a plus de 10 000 ans sur le site de Campu Stefanu
https://www.corsematin.com/articles/il-y-a-plus-de-10-000-ans-sur-lesite-de-campu-stefanu-11630
Marc Bonnant
Le langage implicite des Orii – article du 22 juillet 2018
In : Isula Muntagna N°4 – 2e trimestre 2018. Pages 76 à 83
http://www.sudcorse.net/blog/index.php?article4/le-langage-implicitedes-orii
Spassighjendu ind’u Fretu ci si scopre unepoche di casuccie strane chì parenu surtite da una folla.
Ci si vede pentoni tamanti, sculpiti di mille tafoni, è di quessi certi sò stati murati cù belle petre zuccate, è finestruccie. Ci si dumanda u perché ?
Di fatti a parola « Oriu » vene da u latinu « Horreum » chì ghjeranu granaghji. Tandu in tempi antichi sti lochi eranu suminati è i paesanni ci mettianu u granu. Cert’orii in tempi più landani funu stati sepulture, è i paesanni avianu cuscenza di un locu sacru « un vardatu » chì ci vulia à rispett à. Oghje certi di ‘ssi magnifichi testimonii di ‘ssu patrimoniu anticu sò persi ind’a machja è solu u nome di u locu ci indetta a presenza di qualchì oriu sbandunatu.
Seria una bella cosa, chì l’omu d’oghje si primuressi di a salvezza di ‘ssi tesori tramandati da i nostri antenati.