18 juillet 2025

L’urigine di u Diu Vi Salvi Regina

Pour tous les peuples du monde, l’adoption d’un hymne National résulte d’un long processus qui implique de nombreux facteurs, où s’entremêlent les légendes,

les romans nationaux, l’historiographie et la sociologie de la Nation. Le Salve Regina, écrit en latin en 1080 est attribué à l’évêque du Puy : Ardérald de Monteil, et ne sera traduit en « Volgare » toscan qu’au XVIIe siècle.

U cunciliu di Trenta

Martin Luther, un prêtre augustin, demande au pape Jules II la tenue d’un concile, il est révolté par le commerce des indulgences et veut revenir à une église primitive. Le contexte politique de ce début du XVIe siècle retarde la tenue de ce concile. Entre temps sa réforme prend de l’ampleur et finit par devenir une nouvelle religion, dite protestante. L’Eglise catholique essaie tardivement d’y apporter une réponse par le concile de Trente, réuni entre 1545 et 1563 . Un des apports majeurs de cette contre-réforme est l’institution de catéchismes, afin de mieux former les prêtres et les enfants. Pour ramener les fidèles, l’Eglise doit plaire, c’est dans ce contexte que le Salve Regina est traduit en toscan, mis en musique et chanté. Le Diu vi Salvi Regina est une hymne religieuse qui nait de cette mission pédagogique des pères jésuites, c’est un véritable succès. Plus de 10 000 exemplaires sont imprimés, en 1672 nous en sommes à la 4e édition, à ce moment là, Francesco de Geronimo prononce ses vœux de Jésuite. Il n’a donc pas pu écrire le Diu, que l’on doit à un autre père jésuite : Innocenzo Innocenzi, de dix-huit ans son ainé (voir l’article d’Antoine Franzini dans Storia Corsa).

A diffusione, le Diu se diffuse dans toute la Corse, par le biais de divers canaux, les pêcheurs napolitains qui s’installent à Bunifaziu, les deux collèges jésuites de Bastia et d’Aiacciu, les couvents franciscains, et les confrèries. (1)

E rivuluzione di Corsica, à partir de 1729 éclate la révolte du Bozziu qui se transformera en révolution. La cunsulta d’Orezza en 1735 donnera lieu à la première constitution, la Corse se place sous la protection de l’Immaculée conception et rompt sa dépendance avec la république de Gènes. L’adoption du Diu, hymne à la vierge comme hymne national nous semble aujourd’hui logique, mais il faut se placer dans le contexte du début du XVIIIe siècle, les hymnes nationaux n’existent pas encore, il faudra attendre le XIXe pour voir la naissance en Europe des états nations.

A meludia, au couvent de Marcassu furent retrouvées des tablatures datées de 1720 attribuées à Stefano Allegrini d’Aregno, il s’agit de la mélodie du Diu. Il faut noter qu’une mélodie peut être jouée sur différents cantiques.

A croce di u ricordu, le 3 août 1925, lors de l’inauguration de la stèle dédiée aux patriotes tombés lors de la bataille de Ponte novu, on chante le Diu pour la première fois dans ce début du XXe siècle. Après la messe du curé de Merusaglia, en présence de l’Évêque d’Aiacciu Augustin Simeone Casanova, plus de deux mille personnes chantèrent le Diu vi Salvi Regina, il fut défini comme le chant de guerre de ceux qui tombèrent le 9 mai 1769 (U cantu di guerra di quelli chì casconu u 9 di Maghju). Dans le sillage du journal « A muvra », l’abbé Saggesi parle de l’hymne de guerre de nos anciens (Innu di guerra di nostri antichi) l’hymne religieuse est alors associée au patriotisme et à un chant de guerre. L’innu Corsu, en 1937 Petru Rocca le patron du journal A muvra rédige « U Culombu » pour être l’hymne national, son choix est guidé par un souci de laïcité.

U riacquistu, les années 60/70 sont déterminantes dans la sauvegarde de la langue, et de la culture Corses. Durant cette période c’est U Culombu qui semble être adopté comme l’hymne National par la mouvance autonomiste (UPC), tandis que la gauche Nationale (PPC a manca corsa préfère Sunate lu Cornu). À partir de 1976 avec la naissance du FLNC, la mouvance indépendantiste préfère le Diu, faisant référence à la constitution de 1735.

Canta u populu corsu, le groupe mythique du riacquistu termine ses concerts par U culombu et le Diu vi salvi Regina. Après les évènements d’Aleria et Bastia, Jean-Paul Poletti passe près d’un bar à Bastia et entend le Diu, ce fût comme une révélation, la rencontre d’un artiste avec sa muse, à partir de ce moment, le Diu sera considéré comme l’hymne National qui clôturera tous les concerts de Canta. Suciulugia di a Nazione, comme l’a très bien exprimé Alanu di Meglio lors de sa conférence au CCU de Corti (2) ,l’hymne National c’est le fruit de faits objectifs et d’une élaboration, d’une construction, d’un projet de vivre ensemble.

C’est la symbolique de son adoption qui l’emporte, ça marque le fait National dans son histoire, dans un contexte d’oppression, le peuple se lève et se donne un chant, pour exprimer sa colère et sa volonté de construire autre chose.

Sources : Antoine Franzini, Le Dio vi salvi Regina, retour sur la vulgate, numéro 8 de Storia Corsa, Bastia, Storia Corsa Edizioni, juillet 2022, p. 81 à 95.

(1) Précisions apportées lors de la conférence CCU de Corti, Gherardi Eugène.

(2) In https://m3c.universita.corsica/S/fr item 100565 Di Meglio Alain,Dio vi salvi Regina : Médiathèque culturelle de la Corse et des Corses. https://www.radiofrance.fr/ franceculture/dio-vi-salvi-regina-histoire-et-sociologie-de-l- hymne-corse-5539118

Traduzzione in lingua corsa

Oghje l’innu Naziunale di u populu corsu hè u Diu Vi salvi Regina, a scelta di un innu per tutti i populi di u mondu hè u risultatu d’un longu prucedimentu. A storia di u Diu ricolla à u medievu, U Salve Regina cantu latinu di a chjesa Cristiana, serà traduttu in tuscanu à u sedecesimu seculu è serà diffusu è cunisciutu in l’isula sana.

A cunsulta d’Orezza di ghjinaghju 1735 misse u regnu di Corsica sottu à a prutezzione di l’immaculata Vergine Maria, issu simbulu forte di a storia di Corsica purterà più tardi à a scelta di u Diu cum’è innu Naziunale corsu, di manera definitiva.

Testu : Marcel Montisci

By Categories: Patrimoniu