8 mars 2022

Le château de Biguglia

BIGUGLIA fut l’ancienne capitale de la Corse
Nous avons tous lu cette affirmation depuis des décennies sur l’ancienne RN 199.
Qu’en est-il réellement ?

L’histoire de Biguglia est multimillénaire. L’homme y est présent dès le néolithique comme l’atteste le site du Monte Grossu qui a livré de l’obsidienne, des éléments de meunerie, des habitations.

Mais la naissance du château de Biguglia remonte au milieu du XIIe siècle quand un certain Giovanni Bagnaria y fit élever un château, là où existait déjà une tour.

Selon la chronique de Giovanni della Grossa lors d’un conflit entre les Pievi d’Ortu et de Mariana, ainsi que de celle de Rosoli ce sont les habitants qui firent appel à ce qu’ils nomment « un cavaliere valent’uomo ». La maison de Bagnaria fut donc
promue par la volonté populaire.

Ainsi naquit la « Bagnaninca » qui s’étendait de l’embouchure du Golu à Lavasina, avec comme limite à l’Ouest la ligne de crête de Stella qui la sépare du Nebbiu, alors constituée en grande partie de la Piève de Rosoli.

Un dispositif de six fortifications protège la seigneurie, dont le plus important est le château de Biguglia. Un seul lieu est qualifié de « Palatium » c’est Borgu Bagnaia, l’actuel Borgu lieu de résidence du seigneur.

Lors de la révolte populaire de 1357-1358 menée par Sambuccuciu les châteaux furent détruits, sauf ceux de Biguglia, Nonza et San Colombano. Les chefs de la révolte firent dédition à la commune de Gênes où le parti populaire venait d’arriver au pouvoir. Le nouveau doge Simone Boccanegra envoya son propre frère Giovanni pour être le premier représentant du pouvoir en Corse à Biguglia.

La cour de Justice fut également installée, visiblement Biguglia est en ce milieu du XIVe siècle considérée comme le lieu de pouvoir le plus important de la Corse. Sauf qu’en dehors des accords avec les nouveaux chefs locaux « les Caporali », Gênes n’a pas de droits sur la Corse.

Le Pape Boniface VIII crée en 1297 le « Regnum di Corsicae et Sardiniae » qui lègue en fief perpétuel au roi Jacques II d’Aragon, pour que celui-ci renonce à ses ambitions sur la Sicile alors propriété de Charles d’Anjou.

Biguglia Capitale incontestée de la « Terra del commune », c’était compter sans les seigneurs Cinarchesi.

Dans ce Moyen-Âge, les seigneurs de Cinarca se considèrent comme les descendants d’Ugo Colonna, c’est donc par le sang et la propriété du Château de Cinarca qu’ils s’estiment les seuls à pouvoirs constituer un Comté de Corse.

En 1264, Sinucellu della Rocca, Comte de Cinarca, Giudice di Corsica per Pisa fut le premier à devenir « Signore Assoluto di Corsica » acclamé lors de la « Veduta » assemblée populaire qui s’est tenue à la Canonica.

Celui que l’histoire retient sous le titre de Giudice di Cinarca sera leur modèle, ses descendants, Arrigo della Rocca, Vincentellu D’Istria se feront acclamer « Comtes de Corse » soutenus par le Roi d’Aragon, tirent leur légitimité du droit divin, fondement de toute monarchie, puisqu’il s’agit d’un royaume créé par le Pape.

Ainsi le château de Biguglia, celui dont il fallait se rendre maître pour gouverner toute la Corse fut maintes fois assiégé, au moins vingt fois en 130 ans, pris et repris sans cesse. Sa destruction fut décidée par l’Office de Saint Georges en 1489 après leur victoire sur les « Seigneurs de Leca » afin que ce lieu ne puisse plus devenir l’enjeu du pouvoir.

Bastia deviendra alors la Capitale, le siège des Gouverneurs Génois jusqu’à la révolution du Bozziu de 1729.

Guardianu di u putere, locu di ghjustizia ; testimone di mille facende, fù sradicatu in stu mese di ghjungnu di u 1489.
Tante battaglie, cunquiste è disfatte, ùn sò più chè pochi muri disruccati da cima à fondu, ultimi testimonii di’ssa storia gluriosa, tant’eroi chì di Biguglia ne facianu « Capitale di a Corsica » oramai spenti per u sempre.
I Conti Cinarchesi, Arrigu della Rocca, Vincentellu d’Istria, Polo della Rocca è tantissimi altri, senza scurdassi di Giovanni della Grossa u scrivanu, quellu di a cronaca, chì ci hà trasmessu l’essenziale di e nostre cuniscenze di u medievu corsu.
Oghje tocc’à noi à studià l’archivii, i ducumenti chì fermanu di ‘ssu passatu, fà cunoscie a storia da pudè tramandalla di leva in purleva, a ghjuventù ch’ella ne sia fiera di ‘ssu locu d’altissimi fatti è d’altissima memoria.

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