22 novembre 2021

Les causes de l’immigration Corse aux Amériques au XIXᵉ siècle

Après des décennies de révolutions et de guerre, les Corses, vaincus à Ponte Novu (1769) par les troupes royales de Louis XV perdent leur liberté et leur indépendance. L’île va rentrer peu à peu dans les intérêts de la France et de son Empire Colonial. À la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle, la Corse connaît un important mouvement migratoire. L’économie insulaire dont l’essentiel repose sur l’agropastoralisme va connaître des décennies difficiles : l’accumulation des mauvaises récoltes due à de longues périodes de sécheresse, des épidémies de choléra (1854 et 1856), des maladies de la vigne l’oïdium et le Phylloxéras (1870) détruisant la quasi-totalité des vignobles, des lois douanières infligées dès 1818, la présence de milliers de migrants italiens employés à la fabrication du Cours Napoléon et la construction du chemin de fer…. sont autant de causes qui vont entraîner une détérioration générale des conditions économiques et sociales.

Dans l’espoir de trouver des emplois mieux rémunérés et d’améliorer leurs conditions de vie, trois possibilités s’offrent aux corses : rejoindre l’Empire Colonial (administratif, armées), déménager dans les grandes villes de l’hexagone ou bien traverser l’Atlantique et rejoindre le nouveau monde prisé par une partie de l’Europe où certains Corses sont déjà établis.

Au début du XIXe siècle, inspirées par les idées révolutionnaires qui ont secoué le monde occidental, plusieurs colonies espagnoles d’Amérique du Sud veulent se séparer de l’Espagne. Des mouvements révolutionnaires émergent à Caracas, Buenos Aires et au Mexique. Afin d’améliorer les conditions économiques et d’éviter qu’une révolution fleurisse sur ses colonies dans les Caraïbes (Porto Rico et Cuba) le roi Ferdinand VII promulgue un décret, La Royal Cédula de Gracias (1815). Ce décret publié en trois langues (espagnol, anglais, français) a pour but d’attirer des migrants venus des pays amis de l’Espagne.

Ce décret permet à plusieurs Corses, majoritairement du Cap et de la Balagne, de s’inscrire dans le destin des flux migratoires entre le vieux continent et l’Amérique Latine, mais également dans la continuité des migrations préexistantes.
La plupart des insulaires quittent pour la première fois leur terre natale, traversant la mer Méditerranée et l’océan Atlantique soit un périple d’environ 7500 km contre vents et marées pour rejoindre, leur terre d’accueil située dans les Caraïbes, Porto Rico. Les nouveaux arrivants doivent jurer fidélité à la couronne espagnole et allégeance à l’Église catholique. Après cela ils reçoivent des terres gratuitement sur la côte ouest de l’île. Au bout de 5 ans, ils seront naturalisés sujets de la couronne d’Espagne.
Les Corses se consacrent principalement au commerce, à l’artisanat, aux productions agricoles (la canne à sucre, le cacao et le café), et forestières (hévéas, bois tropicaux). Ils adoptent rapidement la langue et les coutumes de leur nouvelle patrie et beaucoup se marieront avec des résidents locaux. La présence de migrants corses déjà installés facilite l’intégration économique et sociale des nouveaux arrivants. Même là-bas, ils maintiennent des liens de solidarité familiale entre eux tout en gardant le contact avec leurs proches restés en Corse.

En l’espace de quelques années, ils deviennent les meneurs dans le domaine agricole, développent l’industrie du café et de la canne à sucre et favorisent la croissance économique de la côte ouest de l’île. Ils font enfin fortune. Les Corses reçoivent beaucoup de gratitude de la part des insulaires. A Yauco, petite ville au sud-ouest de l’île, on trouve une stèle pour honorer leur réussite et leurs actions bénéfiques (ci-dessus).

Le retour triomphant de certains Corses revenus fortunés va influencer d’autres insulaires à rejoindre les Amériques et faire partie des Corses de la diaspora. Triste réalité que de devoir connaître l’exode de leur île natale pour une vie d’abondance à des milliers de kilomètres de chez eux… Et enfin pouvoir connaitre la réussite qu’ils n’ont pas pu accomplir chez eux en Corse…

Pour les lecteurs qui souhaitent aller plus loin :
La Corse et les Amériques, Michel Vergé-Franceschi, éditions Alain Piazzola.
L’émigration à Porto Rico, Marie-Jeanne Casablanca, éditions le Signet.
De la Balagne à l’Ouest de Porto Rico, etude de Castellani Laetizia.
Calvi au XVIe siècle, FF Battestini, éditions Ambrosini.

Dopu a disfatta di Ponte Novu, l’isula fù chjappa ind’è l’interessi di l’Imperu Culuniale Francese. Longu à u XIXesimu, a Corsica cunniscì un flussu migratoriu, cunsequenza di una degradazione generale di e cundizione ecunomiche è suciale. Sperendu di migliurà e so cundizione di vita, certi isulani, per lu più di Capicorsu è di Balagna, anu da coglie l’uppurtunità data da u rè di Spagna à tutti i cattolichi d’Europa di francà l’Atlanticu per travaglià in Porto Rico. In capu à qualchì annu, diventonu tercani di u duminiu agricolu, svillupponu l’industria di u caffè è di a canna da zuccaru. U ritornu d’unipochi di sti Corsi furtunati hà da influinzanne d’altri à raghjunghje l’Americhe è fà parte di a spaluzzera.